dimanche 9 septembre 2007

LE CADEAU

Au début des années 90, des chirurgiens français révolutionnèrent un large pan de la chirurgie digestive: ils se mirent à enlever les vésicules biliaires par abord laparoscopique, c'est-à-dire sans les grandes incisions qui avaient été coutumières depuis cent ans. Il ne fallait pas être prix Nobel pour escompter les avantages et l'avenir de cette technique... Mon collègue Battikha -aujourd'hui décédé-connaissait l'un de ces chirurgiens français, le professeur Périssat, qui oeuvrait à Bordeaux. Quelques semaines plus tard, en janvier 90 ou 91, nous étions à Bordeaux pour apprendre. Monsieur Périssat fut d'une gentillesse exemplaire: il nous enseigna ce qu'il fallait savoir. Nous assimilâmes la technique et l'année suivante, elle avait cours à Chicoutimi. Je ne pensai plus beaucoup à monsieur Périssat, sans toutefois l'oublier...


L'automne passé, j'étais à Paris au congrès de l'Association Française de Chirurgie. A la fin d'une session, alors que tout le monde se bousculait vers la sortie, j'aperçus monsieur Périssat! Je m'empressai d'aller le saluer. Il me dit alors qu'il venait au Québec à la fin août 2007 et qu'il voulait venir au Saguenay, notre Royaume. Je lui écrivis mon adresse-courriel. Je ne pensais pas être là cependant à cette époque. Nous correspondîmes. "Allez au St-Antoine à Québec, puis à l'Auberge des 21 à la Baie. Il vous faut aller à St-Félicien, Val-Jalbert, Tadoussac, aux ours sur la rivière à Mars, peut-être en rabaska, faire le tour du lac St-Jean si possible, arrêter à Ste-Rose, manger chez le carcassonnais Pachon possiblement, mais surtout, parler à nos gens."


-Nous n'avons pas oublié d'où nous venons et nous aimons la France, lui dis-je.

J'appelai monsieur B. de l'Auberge des 21.

-On s'occupera de monsieur Périssat, m'assura-t-il.


Voilà! J'arrive à peine d'Irlande qu'on m'appelle de l'Auberge des 21.


-Nous avons ici pour vous un paquet que vous a destiné un client français!


Je m'en fus quérir la chose hier soir. C'était un gros album de 400 pages intitulé: Champlain ou les portes du Nouveau-Monde. Cinq siècles d'échanges entre le Centre-Ouest français et l'Amérique du Nord. Ultra intéressant. Des dizaines de documents d'archives. Près d'une centaine de collaborateurs des deux côtés de l'Atlantique. La Rochelle -mon ami Sarrazin en parle dans son blogue aujourd'hui- s'enrichit de ce commerce avec l'Amérique. En passant, savais-tu, Gibus, qu'en 1763, lors du traité de Paris, le Roi de France laissa aller le Canada cavalièrement pour conserver Guadeloupe et Martinique (sucre) et que plusieurs intellectuels français ont récemment déploré cette décision malheureuse. La France, écrivent-ils, ne serait pas du tout pareille aujourd'hui.


Aimes-tu mon histoire du jour, Gibus? Moi, elle me comble. D'autant plus qu'elle est véridique, à cent pour cent.


Delhorno

2 commentaires:

romulus a dit…

Cher Delhorno,
le journaliste en moi est jaloux...La qualité de ton écriture lui semble inaccessible de son vivant.
Et comment se fait-il qu'entre tes mots, des gens tout à fait ordinaires deviennent momentanément des personnages de roman ; des événements somme toute banals des récits d'aventures;des observations sur la vie et ses protagonistes des thèses philosophiques...?
La fille en moi toutefois éprouve une indicible fierté...
Continue de nous ravir avec ta prose..Je sais que dans un moment creux, une heure d'ennui, une seconde de découragement, ou tout simplement par curiosité, je me dirigerai vers Gibus et MacPherson..
Par ailleurs, chers lecteurs de Delhorno, savez-vous que ce dernier- qui nous affirme la chanson de Félix oubliée- l'a fait chanter en choeur à des dizaines de Français sur un bateau sillonnant la Volga?
Tendresses,
Romulus
PS. Le Marquis vient de découvrir que tu avais un blog... Il trouve que tu sévis maintenant sur bien des fronts...

Guy Sarrazin a dit…

Il y a de ces coïncidences n'est-ce pas? Deux blogues qui s'intéressent à La Rochelle, n'est-ce pas?