samedi 2 février 2008

L'INSOLITE

"Il ne faut pas refuser l'insolite quand il se présente." Agatha Christie.

Séville. Il y a quelques années. Hotel Derby. Obtenir des chambres dans cet hôtel avait été un cadeau du ciel. Un obscur comptoir de voyages à Malaga. Employé tout aussi obscur. Mais d'une gentillesse que je qualifierais de "baieriveraine".
-Intentamos ir à Sevilla la semana proxima. Puede usted aconsejar un hotel?
Il nous réserva trois chambres dans cet hotel du centre de Séville pour un prix presque dérisoire. J'écris "dérisoire" car ceux qui nous suivirent et s'essayèrent d'y trouver des chambres au même prix jamais ne le purent. Mais là n'est pas mon histoire.

Le lendemain matin de notre arrivée. Fr. désirait "ir de compras" au "Inglès Cortes" situé en face de l'hôtel. J'accompagne Fr. par principe. Un peu plus tard, nous convenons de nous séparer. Je désire aller au musée archéologique. Je sors du magasin. Héle un taxi. J'embarque.
-Conduisez-moi au musée arch... dis-je au "taxista", dont j'ai oublié le prénom maintenant.

Conversation plus ou moins banale. Je lui avoue mon grand intérêt pour Rome, l'Impériale.
-Seriez-vous intéressé à visiter le site archéologique de Hispanola?

J'hésitai, par crainte d'arnaque. Je me dis ensuite: Pourquoi pas?

Il survint que l'homme était vrai. Il avait passé son enfance sur le site d'Hispanola. Il savait donc de quoi il parlait. Nous traversâmes le fleuve dont j'ai oublié le nom et d'où partit Christophe Colomb lors de ses premiers voyages vers l'Amérique. Arrêt devant un endroit quelconque. Nous entrons. Ce fut dès lors un enchantement. La cité romaine était sise sur une esplanade. Une heure de pur enchantement. Les mosaïques, le forum, le cirque, les rues, les maisons, tout y était. Pourtant, les guides touristiques mentionnent à peine Hispanola...

Le chauffeur de taxi m'amena ensuite dans son barrio, où il y aurait fête le soir-même. Un grand chapiteau était monté. Il me présenta quelques voisins, des amis. Apéritif. Je parlais à peine espagnol alors. Il me ramena ensuite au musée.

Ce n'est que quelques années plus tard que, lisant les premières pages de l'autobiographie d'Agatha Christie, je notai cette petite confidence: "Il ne faut pas refuser l'insolite quand il se présente."

Delhorno

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