mercredi 20 février 2008

LE PERE LACHAISE

Il fut l'un des confesseurs de Louis XIV. J'ignore complètement comment il survint qu'on donnât son nom à un cimetière...

Paris. Juillet 2004. J'avais eu comme projet de visiter le fameux cimetière un jour. Je le connaissais depuis le temps du Séminaire, par les auteurs français qu'on nous enseignait. Je m'étais dit que je retrouverais les stèles funéraires de Molière et La Fontaine, que j'y lèverais mon chapeau tout en me remémorant les Diafoirus père et fils ainsi que La Cigale et la Fourmi.

Un début d'après-midi. Soleil de plomb sur Paris. Je dîne chez l'Italien qui tient pignon sur rue tout près de ma garçonnière. J'ai bien étudié la carte. Il est facile de marcher vers l'est, vers le boulevard Ménilmontant. Ménilmontant. Un autre nom qui s'est incrusté dans ma mémoire, depuis un article du Paris Match sur Trenet et son amour de Ménilmontant, qu'il a célébré par une chanson. Encore là, je m'étais dit que je saurais un jour de quoi il en retourne.

Me voilà parti, avec mon sac à dos, une bouteille d'eau. Les rues de Paris sont parsemées de plaques-souvenir: beaucoup rappellent la mort tragique et sanglante de résistants durant la Deuxième Grande Guerre. En voilà une. Je marche tout doucement, histoire de profiter de l'instant. Ah! Le voici!

J'arrivai au Père Lachaise du côté nord, alors que l'entrée était située plus au sud. J'arpentai donc le boulevard Ménilmontant du nord au sud en jetant un perpétuel regard sur les inscriptions des monuments. Quelques Dufour, imaginez-vous, dont un ou deux décédés à Verdun, à Vimy ou tout près...

Ouf! Voici l'entrée! On m'offre un plan du cimetière. Facile. Je retrouverai aisément mes deux célébrités. Erreur! Après une heure de marche, toujours pas de Molière, pas de trace du Fabuliste. Je désespère un peu... Il y a ce couple qui s'avance vers mois et que j'interpelle:
-Monsieur, sauriez-vous me dire où sont les tombeaux de Molière et La Fontaine. Je suis venu du nord du Québec pour les visiter et j'attends cet instant depuis plus de quarante ans.
-Vous savez, Monsieur le Québecois, -les Français, nous reconnaissent tout de suite à notre accent- que ce ne sont pas leurs cendres, leur vrai squelette qui reposent sous les monuments. Car, à leur décès, ils furent enterrés dans une fosse commune. La Ville de Paris, voulant leur rendre hommage cent et quelques années plus tard, transporta des os anonymes, pour ne pas dire quelconques de cette fosse commune au cimetière du Père Lachaise, où on leur érigea un monument.
-Ne me dites pas ça! Vous êtes en train de briser mon rêve!
-J'en suis désolé, croyez-moi!

Mon Francais poursuivit son chemin... Mais le voilà qui fait demi-tour et me réadresse la parole:
-Vous savez, je ne me rappelle plus qui a dit ça: QU'IMPORTE LA VERITE SI L'HISTOIRE EST BELLE. Bonne continuation!

J'esquissai un sourire, qui ne me lâcha plus pendant plusieurs minutes. Mon après-midi était sauvé! Par quelques mots bien dits et bien sentis. Je n'avais besoin que de croire à une belle histoire! Je racontai l'anecdote à mes intimes au retour: ils esquissèrent le même sourire.

En fait, au moment de cette rencontre impromptue, j'étais arrivé tout près des monuments de mes vieux amis. Je les saluai comme il fallait. Plus loin, je retrouvai la stèle de Champollion, l'initiateur de l'Egyptologie, celle de Gay-Lussac, l'homme de science, celles des maréchaux de Napoléon, que je revois encore comme si c'était hier.

Fatigué, en fin de compte. Je mis fin à mon excursion. Le retour vers le Marais fut malaisé sous la canicule. J'arrêtai un moment pour acheter un sac de "cerises de France"... Et je me dépêchai de colliger les faits saillants de l'après-midi dans mon Moleskine pour "usage ultérieur".

Méfie-toi, lecteur, de ce que je viens d'écrire. Car, QU'IMPORTE LA VERITE SI L'HISTOIRE EST BELLE!

Delhorno

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