samedi 26 juillet 2008

NOUS NE L'AVIONS PAS CHOISI

Rien n'est jamais parfait...
Nous atterrîmes au Caire le samedi soir, en début de soirée. Fatigués. Mais remplis d'espoir. L'espérance des naïfs! Ceux qui pensent que tout va changer un jour, que la perfection va s'enclencher aussitôt que l'avion se garera, que les voyageurs auront passé les douanes!
Il n'était pas là! Je scrutai l'horizon à sa recherche. Pas le moindre signe. Nous nous mîmes à tourner en rond.
-Il viendra, pourtant! Notre avion n'était pas en retard!
-Excusez-moi! J'étais en train de travailler sur mon portable, je n'en avais pas eu le temps!

Il était là, le con, assis devant nous, les yeux rivés sur son ordinateur, alors qu'il dû les avoir rivés sur nous, ses ouailles des deux prochaines semaines! Son empressement à nous amener à la boutique hors-taxe m'apparut suspect.
-Venez vite, il n'y a pas de boisson nulle part en Egypte, nous sommes en pays musulman, si vous n'achetez pas tout de suite, vous n'auriez rien à boire de tout le voyage. Nous voilà partis courant derrière lui. Je ne comprenais pas son insistance à nous conseiller les boissons à acheter... Je sortis avec deux caisses de vingt-quatre, alors que je n'en voulais point, avec six bouteilles de vin français, le tout pour plus de cent euros.

Nous n'avions pas mangé.
-Allez par là, il y a un bon restaurant.
Le con! Allez vous débrouiller à 9 heures le soir dans le centre du Caire, mégapole surpeuplée, des autos à vous rendre fou, personne ou presque ne parlant l'arabe! Ce n'était pas si facile que ça de trouver ce foutu restaurant! C'est un touriste montréalais qui quittait le lendemain soir qui nous servit de guide.

Le lendemain, une heure de marche à pied pour nous rendre au Musée National. Alors que les taxis ne coûtent à peu près rien. Une heure de perdue, car il n'y avait pas grand'chose à voir en cours de route.

Il nous avait réservé des compartiments de Première Classe sur le train Le Caire-Assouan. Vous auriez dû voir ça! Les valises entrées, pas de place pour bouger, il nous fallait rester couchés. Douze heures de train, la nuit, rien à faire, rien à voir. L'avion aurait été tellement plus simple... Et nous aurions pu visiter Assouan davantage! Il fallait en sus transporter les caisses de bière et les bouteilles de vin!

Abu Simbel! A visiter! Mais y aller en avion, de grâce! Nous, nous y allâmes en train routier. Départ à 4 heures du matin. Des véhicules militaires devant et derrière. Dix heures de route aller-retour. Il n'y a rien à voir dans le désert égyptien. Que de temps perdu quand même.

Le voyage s'est terminé par 1500 kilomètres de mini-van dans le désert ouest-égyptien, où il n'y a à peu près rien à voir. Aucun contact avec la population. Il nous avait fait miroiter une baignade dans un lac, au coeur d'un oasis dont j'ai oublié le nom. J'avais apporté mon maillot! En pratique, nous nous soumîmes à un bain de pied au bout d'un tuyau d'irrigation: l'eau en sortait bruyamment, ralentissait à peine dans un abreuvoir à vaches sur les bords duquel nous étions assis pour nous baigner les pieds!

Ce soir-là, nous arrivâmes au Caire vers seize heures. Bien joué! que je me dis... Nous allons pouvoir nous laver, faire nos valises doucement, prendre une bière égyptienne, jaser et entamer un post-mortem. Le con! Le trafic est tel au Caire à cette heure que nous n'entrâmes à l'hôtel qu'à 19h30. A peine le temps de se doucher, de faire les valises! Il nous avait réservé une surprise, l'animal! Gracieuseté du Tour Operator! Nous prenions l'avion à 2 heures du matin, et il nous fallait être à l'aéroport deux heures d'avance. La surprise, c'était un souper nautique sur le Nil. Le bateau ne partait qu'à 22 heures! Peut-on s'imaginer quel beau souper nous fîmes, inquiets, car il ne nous restait aucune marge de manoeuvre en cas de retard. La bouffe n'était pas même inoubliable. Le spectacle? Un derviche tourneur qui acheva de nous affoler et une danseuse de baladi, comme nous en avons à Chicoutimi!

A 23h30, course folle en minivan dans Le Caire: d'abord aller reconduire le Con à son hôtel, ensuite autre virée vers l'aéroport pour arriver en temps. Le chauffeur semblait ignorer à quel aéroport nous devions aller! Et il ne parlait qu'arabe!

"Quand on est con, on est con!" Chanson de Brassens. Notre guide, que nous n'avions pas choisi. Il avait engraissé de 40 livres en trois ou quatre mois, de sorte qu'aucune de ses chemises ne lui faisait. On voyait la peau de son ventre entre les boutons. Il lui fallait du vin et de la bière tous les soirs: voilà pourquoi il nous en avait fait acheter! Il avait toujours faim: dès que les plats étaient posés sur la table, monsieur se servait comme un rapace, et il en reprenait! Il avait été l'instigateur de cette escapade désertique de trois jours, coupée d'un bain exotique dans un canal d'irrigation! Pourtant, nous n'avions pas tout vu à Assouan et à Louxor. Le pire? Nous n'intéressions pas Monsieur! Après quelques jours, c'est bel et bien ce que nous ressentîmes.

Il fallait voir l'avidité avec laquelle il accepta mon pourboire au moment de notre départ... On ne s'improvise pas guide touristique. Un pure-laine, guide du Club Aventure en Egypte? Ne parlant pas arabe. Aucune étude en égyptologie... Qui engraisse de 40 livres en trois mois. Qui double et triple dîne. A qui produits de la vigne et du houblon importent tant. Qui est le penseur d'une virée de 1500 kilomètre dans le désert égyptien en minivan. Qui fait autant d'erreurs de jugement. Ca m'apparait suspect! Le gars est venu régler un problème au pays des Pharaons, d'après moi. Ou, c'est un con.

Delhorno

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