lundi 18 août 2008

LA PHARMACOPEE MATERNELLE

Elle aurait pu m'empoisonner que je n'y aurais vu que du feu... Le lien de confiance était tellement fort. La thérapeutique commença, nous sortions à peine du berceau, par le WAMPOLE. De l'huile de foie de morue. Panacée des enfants canadiens. Bourrée de vitamines et de bonnes affaires. Ce n'était pas buvable! Et Lulu ne manquait pas un tour: elle n'oubliait jamais. Elle perdit le contrôle quand nous débutâmes le Secondaire. Ce qui m'offensa le plus, c'est que les plus jeunes de la famille ne furent jamais soumis à ce régime satanique...
Quand l'année scolaire prenait fin, Lulu se lançait dans la thérapie PURGATIVE. Celle-ci débutait le soir-même de la fin de l'école. Il fallait vider le corps de toutes les cochonneries qu'y avait accumulé le collège St-Edouard. Nous nous couchions donc investis d'une concoction dont nous ne saurions jamais la composition. Le Purgatoire commençait le lendemain matin. Le Sénateur et le Scribe passaient l'avant-midi à courir vers les toilettes à la grande satisfaction de notre mère alchimiste, qui avait ainsi purifié ses fils de tant d'inepties et de platitudes. Encore une fois les plus jeunes ne furent jamais soumis à ces grands ménages annuels.

Le début des années soixante vit surgir l'EQUANIL, précurseur du Valium et de Dame Imovane. L'Equanil fit tout de suite partie de l'armentarium maternel. La fin de l'année scolaire était encore une fois le moment idéal d'attaquer le problème... Nous manquions de sommeil, les examens avaient été difficiles, une cure à l'Equanil s'avérait incontournable. Cette nuit-là, nous dormirions dix, douze, quatorze heures... Nous nous lèverions les yeux à peine ouverts et le sourire maternel indiquerait une satisfaction incommensurable.
Ce serait un bel été! Bourrés de vitamines, l'intestin plus net que net, le cerveau ne manquant plus de sommeil, nous irions au terrain de jeu sans manquer une seule journée...

Chère Lulu, j'ai souvent pensé, avec un petit sourire, à ta pharmacopée autoinventée, en suivant mes cours de médecine...

Delhorno

1 commentaire:

Lise a dit…

Allo cousin,

Je viens de découvrir ton blog et j'en commence la lecture. Je suis bien triste à l'idée que tu te sois handicapé et te souhaite un prompt rétablissement. Mais, d'un autre côté, j'ai envie de sourire à l'idée de lire tes textes.

Et ne t'en fais pas, même avant cet accident, tu étais LE meilleur médecin.

Je te redonnerai d'autres commentaires après la lecture des textes d'un écrivain en voie d'ête célèbre.

Bye, Claudio


Cousine Lise Rasmussen