mercredi 9 juillet 2008

MES RIVIERES: LA RIVIERE A MARS

Il en va des rivières comme des amis, comme des chansons, comme des écrivains. Certaines et certains vous suivent votre vie durant et semblent faire partie intégrante de votre être. Venant de Montréal cet après-midi, j'ai traversé la rivière Pikauba, qui prend sa source dans le coeur du parc des Laurentides et court se jeter dans le lac Kénogami. Ca m'a fait penser, chers Gibus et MCPherson, qu'il me fallait, aujourd'hui, vous parler des rivières de ma vie.

1. LA RIVIERE A MARS

Son nom manque peut-être un peu de charme... Nommée ainsi en l'honneur de Mars Simard, le premier colon de Bagotville, qui bâtit sa maison tout près de l'embouchure de ce cours d'eau. Cette rivière est fort importante pour moi: car c'est Mutt qui me la fit découvrir. J'avai à peine cinq, six ou sept ans. Un taxi nous amena de Port-Alfred, Cinquième Avenue, peu après la messe du dimanche, en amont; j'ai complètement oublié l'endroit exact où nous débarquâmes. Toujours est-il que Mutt avait apporté sa canne à pêcher. Nous longeâmes donc la berge sud de la rivière en direction de son estuaire. Mutt était laconique, c'est-à-dire un homme de peu de mots... Je sus ce matin-là qu'il avait pêché dans cette rivière une partie de sa jeunesse, qu'il y avait pris de belles truites et des saumoneaux. Ironie du sort, il ferra un jeune saumon ce matin-là!

Quelques mois, ou quelques années plus tard, Thérèse, la soeur de ma tante Claire, me fit découvrir un aspect nouveau de la rivière à Mars: on pouvait s'y baigner. Elle m'y emmena quelquefois, et je lui en saurai gré jusqu'à la fin de mon existence.

La rivière à Mars fut aussi celle de Louis-Joseph. Mon beau-père. Il me racontait, d'une verve que je ne lui connaissais point, comment lui et son père pêchaient dans une fosse située pas très loin du "tracel", la nuit, au fanal, des saumons énormissimes qu'ils revendaient au cuisinier du bateau de la Canada Steamship. Je ne me lassais point de lui faire revivre ces temps épiques, d'autant plus que le saumon a pratiquement disparu de la rivière à Mars de nos jours.

La rivière à Mars fut encore celle du curé Boily. Il y possédait un chalet, en amont de Port-Alfred et Bagotville, où il emmenait ses monitrices de son terrain de jeu se baigner, en fin de journée, après la fin des activités. Parmi ces monitrices, il s'en trouva une qui changea ma vie: c'est le curé Boily qui nous maria.

Mon souvenir le plus récent? 1976. Traverser la rivière à Mars "caminando", sur le "tracel", de la rue St-Jean à la Cinquième Avenue, où résidait ma mère, chez laquelle j'allais étudier chaque matin en vue de l'examen de chirurgie. Mutt nous avait quittés peu auparavant. Bien des choses avaient changé dans la maison de mon enfance. Le bonheur, notamment, qui s'était enfui.

Demain: LA RIVIERE MALBAIE

Delhorno

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