dimanche 13 juillet 2008

MES RIVIERES: LA SEINE

6. LA SEINE

J'ai su son existence dès l'âge de six ans: la chorale du collège Saint-Edouard,dont j'étais, par crainte de chanter faux, le choriste le plus discret, avait inscrit dans son répertoire une vieille chanson française, QUELLE HEURE EST-IL?, qui commençait ainsi: "de la Seine à la Garonne". A six ans, on ne se pose pas ces questions-là. Le vocable m'a pourtant poursuivi au fil des ans! C'est au Cours Classique que j'allumai: l'histoire de France, la littérature française. Immédiatement j'ai su qu'un jour nous nous rencontrerions. La première fois, c'est du haut de la tour Eiffel que je l'aperçus, en compagnie de mon collègue Battikha. Nous étions pressés, cependant, et je n'eus point le loisir de m'y attarder très longtemps. La deuxième fois, je la côtoyai de plus près, du haut de ses ponts; mais il y avait tant à voir qu'encore une fois je dus la quitter négligeamment. Elle devint mon amie par la suite, lors de deux visites subséquentes.
Car j'avais choisi tout à dessein un logement tout près. Des heures passées sur ses ponts, ses berges, à marcher, à contempler, à simplement respirer.

Pour que la Seine devienne ton amie, Gibus, il te faudra connaître un peu d'histoire. Savoir que l'Ile de la Cité et l'Ile Saint-Louis abritèrent les premiers habitants de Lutetia. Que Jules César la conquit, sans que ses habitants le combatissent. Que les Romains établirent un camp sur la Rive Gauche. Que la Sorbonne fut fondée au 13e siècle et tire son nom d'un certain Robert de Sorbon qui y avait fondé un collège. Que Paris a toujours été agitée au fil de ses rois, de ses petites et grandes révoltes. Que les rois de France ont légué à Paris un ensemble architectural époustouflant. Que la légende napoléonniene se fait sentir du cimetière du Père Lachaise jusqu'à l'Arc de Triomphe. Que Molière y a son quartier, autour de la Comédie Française. Que Victor Hugo résida à Place des
Vosges et que son domicile existe encore. Que la botte nazie mit Paris en tutelle en 1940 et que l'état-major allemand résidait à l'Hôtel Lutetia. Que l'Hôtel-Dieu de Paris existe depuis le 7e siècle et traite ses malades depuis sous le même nom. Qu'on a mis en évidence, en face du parvis de Notre-Dame, un site archéologique témoignant des tout débuts de l'implantation humaine à Paris. Que tu verras Le Penseur au musée Rodin. Que Paris est belle, finalement, et parle français. Qu'elle mange bien et boit encore mieux.

C'est à tout ça qu'il faut penser quand on arpente les alentours de la Seine. Chaque pas devient alors un pèlerinage, chaque coin de rue un chapitre d'histoire. Car il te faut, autour de la Seine, à Paris, marcher tout doucement, en regardant de tous les côtés. Dieu que j'ai regretté de n'avoir pas eu ni la chance ni le dessein d'y aller étudier.

Delhorno

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