vendredi 19 octobre 2007

AU PAYS DU CHIAC

Je suis au fond de la baie des Chaleurs, pas très loin de l'endroit où la bataille de la Re(i)stigouche a eu lieu. On m'a raconté que les trois bateaux français -l'un s'appelait le Bienfaisant- jouaient au chat et à la souris avec les frégates anglaises, beaucoup mieux armées, mais aussi avec un plus fort tirant d'eau. Les vaisseaux français purent ainsi s'avancer davantage dans l'estuaire de la Restigouche... Mais leur parvint alors la nouvelle de la défaite de Montréal, et ils se sabordèrent. Les vestiges des vaisseaux furent retrouvés et sont exposés au musée de Listiguj, laquelle est aussi une réserve indienne (MicMacs).
On penserait que c'est un pays anglais et c'est tout le contraire qu'on rencontre. Les Acadiens ne semblent pas parler français, ils vous saluent, vous servent en anglais, et tout à coup, quand ils s'aperçoivent qu'ils s'adressent à des semblables, ils vous sortent leur trésor, comme d'une huître: le CHIAC. Le CHIAC, c'est d'abord un accent, puis un mélange de vieux français, d'anglais et de français moderne. Ils routent les "R", et chantent en parlant. Ils ajoutent à tout cela, une simplicité, une bonhommie qui vous mettent à l'aise tout de suite.
Plusieurs acadiens se sont anglicisés... Rosie Lapointe me demanda de lui parler en anglais: je fis tout un saut! Ne parler qu'anglais avec un tel nom... Je me suis abstenu de juger... Plus jeune, j'aurais sans doute méprisé. Puis, je me suis dit que le prix de la survie, c'est le CHIAC pour un grand nombre, l'anglicisation pour le restant.
On me dit que le nord du Nouveau-Brunswick est en train de se franciser! Que les anglophones tendent à migrer vers le sud, vers Fredericton et Saint-Jean. L'Hôpital de Campbellton, c'est un hôpital bilingue, oui, mais tout s'y passe en français, et c'est rempli de médecins québécois.

Mes trouvailles de ce séjour?

1. "Le plus difficile, le vrai test, c'est de se retirer avec grâce, avec désinvolture, puisque c'est le mot qui convient." Frère Untel
2. "Toute vérité peut être dite hautement pourvu que la discrétion tempère lediscours et que la charité l'anime." Bossuet
3. "C'est au moment où l'on saurait vivre que l'on meurt." Bergson

Delhorno

1 commentaire:

Guy Sarrazin a dit…

Claude, tu as fait un bon séjour, avec les trouvailles de tes lectures. Suis surtout content de te relire. Depuis plusieurs jours, c'était la sécheresse.