mercredi 25 juin 2008

LENDEMAIN DE SAINT-JEAN-BAPTISTE

Je suis né un 24 juin, vers 15heures. La parade de la St-Jean passait devant notre logement quand je naquis. Ma mère avait 21 ans. Elle voulait m'appeler Claude, alors que mon père avait choisi Jean-Baptiste! Ils firent un compromis: je m'appellerais Jean-Claude.
Prénom dont la survie -quand on a connu Lucile- était loin d'être assurée et qui, effectivement, ne dura pas très longtemps... Quand, à six ans, j'allai m'inscrire à l'école primaire, ma mère me tira à part:
-Désormais, tu t'appelles "Claude", pas "Jean-Claude", me comprends-tu bien?

Oui, maman, je t'ai bien compris, pour la vie!

On - grand'maman, maman, papa, mes oncles et tantes- m'avait toujours certifié que j'ai vu le jour un 24 juin.

Plusieurs années plus tard, quand je dus obtenir du baptistère, original et copies de l'extrait de baptême, je lus avec dépit qu'il y était inscrit "né le 23 juin 1944". Je n'oublierai jamais le visage outré de maman quand elle s'aperçut de cette bourde énormissime. On avait recopié le registre des baptêmes à l'église St-Edouard dans la décade qui suivit ma naissance; plusieurs erreurs en avaient résulté. Un de mes amis d'école, Marius, s'appelait "Marie-Luce" sur le registre paroissial: il ne l'a jamais digéré.
QUIPROQUO. Voilà le mot qui me vient à l'esprit. A peu près jamais employé par la nouvelle génération, qui ne sait à peu près rien du latin.

Ces quiproquos du début de mon existence ont fait dire à mon fils aîné avant-hier:
-Je salue en toi un imposteur de premier ordre, d'autant plus que personne de ton entourage ne te connaisse comme tel. Tu dis t'appeler Claude, alors que ton véritable prénom est Jean-Claude; tu prétends avoir vu le jour un 24 juin, alors que tu es né un 23 juin.

Mes plus beaux 24 juin?
Ceux de ma jeunesse. Quand Mutt, en bonne santé, nous emmenait pêcher au pays de Menaud, avec de la "liqueur", des "sandwiches au creton" et des "millefeuilles".
Celui de 2003, que j'ai passé sur les bords de la Seine, à Paris. Ma fille venait me retrouver le lendemain.
Celui d'avant-hier, alors que j'ai reçu du pays du "chiac" un cadeau inattendu: les DVD de la BBC, "Planet earth".
Celui d'hier, parce que mon mon frérot m'a appellé de Biarritz:
-Entends-tu cette musique, Claudio?
-Mal!
-C'est PETITE FLEUR, joué par un orchestre de bonhommes comme toi!

Celui d'hier encore, parce que ma belle-soeur a eu la délicatesse de me concocter un courriel où il est écrit:
LA VIEILLESSE ARRIVE BRUSQUEMENT, COMME LA NEIGE.
UN MATIN AU REVEIL, ON S'APERCOIT QUE TOUT EST BLANC.
Jules Renard

Ces années-ci, on a politisé le jour de ma fête. J'en suis presque venu à détester le 24 juin... Non! Ne t'inquiète pas Gibus, ne t'inquiète pas McPherson, je n'aborderai pas ce chapitre.

Delhorno

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