jeudi 26 juin 2008

LE QUEBEC, LA FRANCE: CE QUE J'EN PENSE

Monsieur Charest y est allé, madame la Gouverneure Générale aussi. Monsieur Dumont n'a pu s'en passer, ni messieurs Bouchard et Landry. En fait, ils y vont tous, depuis Honoré Mercier, en passant par tous les autres ou presque, surtout depuis que le Général de Gaulle a parcouru le "Chemin du Roy".
Ils vont à l'Elysée se faire embrasser, se faire roucouler que nous, les Québécois, tenons dans leur coeur une place privilégiée, qu'ils n'oublieront jamais Vimy, Dieppe, la Normandie. "Nous sommes des vôtres, cousins québécois, mais... que ça reste entre nous!"
Douce france, mère-patrie de mes aïeuls, il y a belle lurette que tes sérénades me laissent indifférent. Tu nous as laissé tomber en 1759-1760! Si tu nous avais mieux aimés, tu nous aurais mieux défendus... Tes soldats auraient été plus nombreux, tes navires aussi... LE BIENFAISANT n'aurait pas eu à se saborder à l'embouchure de la Restigouche. Mes ancêtres n'auraient pas eu à passer l'hiver 1759-1760 sur les hauteurs de Baie Saint-Paul parce que leurs maisons de l'Ile-aux-Couldres avaient été brûlées par les Anglais; ton roi -peu de Québécois le savent- mal conseillé, probablement pas assez futé, lors du traité d'Utrecht de 1763, a laissé aller l'Amérique du Nord Française au profit du sucre de la Martinique et de la Guadeloupe; c'est Napoléon Ier, ton empereur, qui a vendu la Louisiane pour financer se guerre sur le continent européen. Rien que cette dernière année, j'ai eu l'occasion de parcourir cinq textes d'intellectuels français qui déplorent la maladresse de Paris dans le cas de l'amérique du Nord française; "Pouvons-nous, écrivent-ils, simplement imaginer ce que serait la France d'aujourd'hui, si des gouvernants mieux conseillés, plus éclairés, avaient su conserver la Louisiane, les états du Mississipi et le Canada?"
Oubliés de la mère patrie, nous le fûmes et le demeurons. A tel point que je mets au défi quiconque de trouver un investissement français notable en terre québécoise depuis cinquante années.
La triste affaire Renault? Triste affaire, en effet.
Total? C'est en Alberta.
Michelin? C'est en Nouvelle-Ecosse.
Mécachrome? Pas pire, mais ils en sont aux balbutiements. Sache toutefois, lecteur, que les Français de l'avionique, c'est du côté d'Embraer à Sao Paulo qu'ils sont.
Alstom? Ne fait pas le poids.
Les vins? Les parfums? Oublions ça!
Les trains? La France est un compétiteur dans ce domaine.
La culture? La Comédie Française'est finalement décidée à venir à Montréal cet été. Un écrivain français vient parader chez Christine Charette à tous les six mois!
TV5? Peut-être...
Echanges universitaires? Anecdotiques, à mon sens.
Des cuisiniers? Des restaurants français? Certes, oui!
Mais, le Tour de France?

En contrepartie, la France a investi des milliards d'Euros au Brésil, sans compter ce que nous ignorons qu'il se passe en Chine et en Europe de l'Est. Au grand total, depuis la Conquête, la nation de Vercingétorix, de saint Louis, de Jeanne d'Arc et du Général est une grande absente au pays de Québec, à presque tous les points de vue. Le Quai d'Orsay a magnifiquement qualifié cette façon de faire de "non-indifférence"!
Voilà pourquoi les grimaces parisiennes de la Gouverneure et de mes Premiers Ministres me portent à sourire... Peu me chaut, en effet, que la France de monsieur Sarkozy ne sache plus comment déclamer son "indéfectible amour du Québec", car je le sais, moi, intimement: la France aime le Québec du bout des lèvres!

Delhorno

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