samedi 26 juillet 2008

NOUS NE L'AVIONS PAS CHOISI

Rien n'est jamais parfait...
Nous atterrîmes au Caire le samedi soir, en début de soirée. Fatigués. Mais remplis d'espoir. L'espérance des naïfs! Ceux qui pensent que tout va changer un jour, que la perfection va s'enclencher aussitôt que l'avion se garera, que les voyageurs auront passé les douanes!
Il n'était pas là! Je scrutai l'horizon à sa recherche. Pas le moindre signe. Nous nous mîmes à tourner en rond.
-Il viendra, pourtant! Notre avion n'était pas en retard!
-Excusez-moi! J'étais en train de travailler sur mon portable, je n'en avais pas eu le temps!

Il était là, le con, assis devant nous, les yeux rivés sur son ordinateur, alors qu'il dû les avoir rivés sur nous, ses ouailles des deux prochaines semaines! Son empressement à nous amener à la boutique hors-taxe m'apparut suspect.
-Venez vite, il n'y a pas de boisson nulle part en Egypte, nous sommes en pays musulman, si vous n'achetez pas tout de suite, vous n'auriez rien à boire de tout le voyage. Nous voilà partis courant derrière lui. Je ne comprenais pas son insistance à nous conseiller les boissons à acheter... Je sortis avec deux caisses de vingt-quatre, alors que je n'en voulais point, avec six bouteilles de vin français, le tout pour plus de cent euros.

Nous n'avions pas mangé.
-Allez par là, il y a un bon restaurant.
Le con! Allez vous débrouiller à 9 heures le soir dans le centre du Caire, mégapole surpeuplée, des autos à vous rendre fou, personne ou presque ne parlant l'arabe! Ce n'était pas si facile que ça de trouver ce foutu restaurant! C'est un touriste montréalais qui quittait le lendemain soir qui nous servit de guide.

Le lendemain, une heure de marche à pied pour nous rendre au Musée National. Alors que les taxis ne coûtent à peu près rien. Une heure de perdue, car il n'y avait pas grand'chose à voir en cours de route.

Il nous avait réservé des compartiments de Première Classe sur le train Le Caire-Assouan. Vous auriez dû voir ça! Les valises entrées, pas de place pour bouger, il nous fallait rester couchés. Douze heures de train, la nuit, rien à faire, rien à voir. L'avion aurait été tellement plus simple... Et nous aurions pu visiter Assouan davantage! Il fallait en sus transporter les caisses de bière et les bouteilles de vin!

Abu Simbel! A visiter! Mais y aller en avion, de grâce! Nous, nous y allâmes en train routier. Départ à 4 heures du matin. Des véhicules militaires devant et derrière. Dix heures de route aller-retour. Il n'y a rien à voir dans le désert égyptien. Que de temps perdu quand même.

Le voyage s'est terminé par 1500 kilomètres de mini-van dans le désert ouest-égyptien, où il n'y a à peu près rien à voir. Aucun contact avec la population. Il nous avait fait miroiter une baignade dans un lac, au coeur d'un oasis dont j'ai oublié le nom. J'avais apporté mon maillot! En pratique, nous nous soumîmes à un bain de pied au bout d'un tuyau d'irrigation: l'eau en sortait bruyamment, ralentissait à peine dans un abreuvoir à vaches sur les bords duquel nous étions assis pour nous baigner les pieds!

Ce soir-là, nous arrivâmes au Caire vers seize heures. Bien joué! que je me dis... Nous allons pouvoir nous laver, faire nos valises doucement, prendre une bière égyptienne, jaser et entamer un post-mortem. Le con! Le trafic est tel au Caire à cette heure que nous n'entrâmes à l'hôtel qu'à 19h30. A peine le temps de se doucher, de faire les valises! Il nous avait réservé une surprise, l'animal! Gracieuseté du Tour Operator! Nous prenions l'avion à 2 heures du matin, et il nous fallait être à l'aéroport deux heures d'avance. La surprise, c'était un souper nautique sur le Nil. Le bateau ne partait qu'à 22 heures! Peut-on s'imaginer quel beau souper nous fîmes, inquiets, car il ne nous restait aucune marge de manoeuvre en cas de retard. La bouffe n'était pas même inoubliable. Le spectacle? Un derviche tourneur qui acheva de nous affoler et une danseuse de baladi, comme nous en avons à Chicoutimi!

A 23h30, course folle en minivan dans Le Caire: d'abord aller reconduire le Con à son hôtel, ensuite autre virée vers l'aéroport pour arriver en temps. Le chauffeur semblait ignorer à quel aéroport nous devions aller! Et il ne parlait qu'arabe!

"Quand on est con, on est con!" Chanson de Brassens. Notre guide, que nous n'avions pas choisi. Il avait engraissé de 40 livres en trois ou quatre mois, de sorte qu'aucune de ses chemises ne lui faisait. On voyait la peau de son ventre entre les boutons. Il lui fallait du vin et de la bière tous les soirs: voilà pourquoi il nous en avait fait acheter! Il avait toujours faim: dès que les plats étaient posés sur la table, monsieur se servait comme un rapace, et il en reprenait! Il avait été l'instigateur de cette escapade désertique de trois jours, coupée d'un bain exotique dans un canal d'irrigation! Pourtant, nous n'avions pas tout vu à Assouan et à Louxor. Le pire? Nous n'intéressions pas Monsieur! Après quelques jours, c'est bel et bien ce que nous ressentîmes.

Il fallait voir l'avidité avec laquelle il accepta mon pourboire au moment de notre départ... On ne s'improvise pas guide touristique. Un pure-laine, guide du Club Aventure en Egypte? Ne parlant pas arabe. Aucune étude en égyptologie... Qui engraisse de 40 livres en trois mois. Qui double et triple dîne. A qui produits de la vigne et du houblon importent tant. Qui est le penseur d'une virée de 1500 kilomètre dans le désert égyptien en minivan. Qui fait autant d'erreurs de jugement. Ca m'apparait suspect! Le gars est venu régler un problème au pays des Pharaons, d'après moi. Ou, c'est un con.

Delhorno

lundi 14 juillet 2008

MES RIVIERES: LA RUPERT

5. LA RIVIERE RUPERT


Il serait inexact d'en parler comme d'une grande amie. Ne l'ai rencontrée qu'une fois. Mais, dans le cadre de ce projet d'écriture, elle est incontournable. J'apprendrais au fil des ans qu'elle vit au coeur d'un pays immense, la Jamésie, -néologisme, incontestablement, car jamais mes maîtres ne m'ont enseigné qu'un tel pays existât au Québec- c'est-à-dire le pays de la Baie de James. Mais, il fallait d'abord s'y rendre!

Partir de Chicoutimi, se rendre à Roberval et Saint-Félicien, aborder et traverser le Parc de Chibougamau, coucher dans Chibougamau même, le lendemain, reprendre la route du nord jusqu'au village cri de Mistissini, sis sur la rive sud-est du Grand Lac Mistassini. Nous ignorions complètement que des Cris vivaient là, qu'ils y étaient organisés. Le commis autochtone du pourvoyeur nous attendait. Je me souviens lui avoir demandé:
-Would you tell me where the toilet room is located?
-We do not go very much for toilets!

Il n'y avait pas de toilette. Il fallait aller dans le bois voisin, lequel heureusement n'était pas très loin. Il m'avait répondu d'un ton que j'avais trouvé condescendant, comme s'il avait voulu me transmettre un certain mépris pour les systèmes d'égoût des blancs... Je ne lui en tins pas rancune, mais je notai tout de même qu'à l'instar des blancs, ils avaient installé l'eau potable!

Un petit Cessna blanc, quatre passagers, nous attendait. Le pilote,un anglophone rompu aux escapades dans la brousse nordique, ne parlait que pour dire l'essentiel. Je lui demandai comment il vivait l'hiver. La question était d'importance, car l'été, -donc le tourisme et la pêche- ne dure que quelques semaines en ces latitudes. Il nous répondit qu'il s'occupait des Cris, allait les mener à cent, deux cent milles plus au nord, chasser l'orignal, ramenait les malades, souvent les carcasses d'orignaux aussi, leur apportait l'essentiel. Car il ne restait plus d'orignaux au pourtour du Grand Lac Mistassini. J'en fus étonné...

Survoler du sud au nord le Grand Lac Mistassini: une affaire de quarante-cinq minutes. Les Cris géraient le campement; mais le cuisinier était un québécois! Prestement, il nous offrit à dîner, car le guide s'affairait déjà sur les quais, prêt à nous amener pêcher. C'était l'été, fin-juin, mais nous nous doutions que ce serait du temps d'automne qui nous accueillerait sur le grand lac. Habits d'hiver, conséquemment. Heureusement!

Une heure et demie de navigation avant d'y arriver. Paysages suberbes, jamais vus. Le guide cri était debout, à côté du moteur, scrutant l'horizon, impassible. Pas un mot, pas un sourire. Soudainement, un cri:
-It is here!

Nos yeux s'écarquillèrent! C'était elle, la Rupert! Nous en fûmes éberlués, n'ayant jamais rien vu de tel, pas même à la télévision. Une masse d'eau vrombissante, descendant du grand lac en cascade, se fracassant contre des rochers énormes avec une violence inouïe. Pas un endroit pour amarrer la chaloupe. Il nous fallait pêcher à contre-courant, le nez de la verchère vers l'amont, pendant que le guide maintenait la vitesse du moteur au diapason de la vitesse du courant, de sorte que nous faisions du sur-place. Nous avions rêvé de belles grosses truites rouges... Nous ne prîmes que d'énormes brochets que nous nous empressâmes de remettre à l'eau. Nous pêchâmes la Rupert sur un ou deux kilomètres, le guide cri toujours imperturbable, laconique, sans même le plus petit des sourires. Ce fut trop vite l'heure du retour. Une autre heure et demie de chaloupe sur le Grand Lac Mistassini, des paysages à vous couper le souffle, pas moyen de se dire un mot, car le grondement du moteur rendait inutile la moindre conversation. Ce fut mon seul rendez-vous avec la Rupert. Je m'étais dit que j'y reviendrais un jour... Ce jour-là n'est jamais venu.

La Rupert. Un voyage de pêche manqué sur le plan halieutique, mais aussi le souvenir d'une amitié qui ne put survivre... Quelques mois plus tard, en effet, mon compagnon de pêche, qui était aussi mon voisin, s'en fut travailler chez Gaz Métro et fut transféré à Val d'Or et ensuite au bureau-chef à Montréal.
La Rupert. Quelques beaux souvenirs, dont celui-ci: un midi, sur l'une des nombreuses presqu'îles qui entourent le Grand Lac, un dîner à la Cri, sous le soleil bienveillant des grandeurs nordiques. Petit feu de camp apprêté en un tour de main par le guide, un poêlon de fer, du steak, du maïs en grain, du pain frais, un peu de beurre, du thé. Conversation tranquille, le guide, que nous avions fini par ensorceler. douceur de vivre. Une autre fois où je pus me dire que le bonheur ressemblait peut-être à cet instant.

Prochainement: LA SEINE

Delhorno

dimanche 13 juillet 2008

MES RIVIERES: LA SEINE

6. LA SEINE

J'ai su son existence dès l'âge de six ans: la chorale du collège Saint-Edouard,dont j'étais, par crainte de chanter faux, le choriste le plus discret, avait inscrit dans son répertoire une vieille chanson française, QUELLE HEURE EST-IL?, qui commençait ainsi: "de la Seine à la Garonne". A six ans, on ne se pose pas ces questions-là. Le vocable m'a pourtant poursuivi au fil des ans! C'est au Cours Classique que j'allumai: l'histoire de France, la littérature française. Immédiatement j'ai su qu'un jour nous nous rencontrerions. La première fois, c'est du haut de la tour Eiffel que je l'aperçus, en compagnie de mon collègue Battikha. Nous étions pressés, cependant, et je n'eus point le loisir de m'y attarder très longtemps. La deuxième fois, je la côtoyai de plus près, du haut de ses ponts; mais il y avait tant à voir qu'encore une fois je dus la quitter négligeamment. Elle devint mon amie par la suite, lors de deux visites subséquentes.
Car j'avais choisi tout à dessein un logement tout près. Des heures passées sur ses ponts, ses berges, à marcher, à contempler, à simplement respirer.

Pour que la Seine devienne ton amie, Gibus, il te faudra connaître un peu d'histoire. Savoir que l'Ile de la Cité et l'Ile Saint-Louis abritèrent les premiers habitants de Lutetia. Que Jules César la conquit, sans que ses habitants le combatissent. Que les Romains établirent un camp sur la Rive Gauche. Que la Sorbonne fut fondée au 13e siècle et tire son nom d'un certain Robert de Sorbon qui y avait fondé un collège. Que Paris a toujours été agitée au fil de ses rois, de ses petites et grandes révoltes. Que les rois de France ont légué à Paris un ensemble architectural époustouflant. Que la légende napoléonniene se fait sentir du cimetière du Père Lachaise jusqu'à l'Arc de Triomphe. Que Molière y a son quartier, autour de la Comédie Française. Que Victor Hugo résida à Place des
Vosges et que son domicile existe encore. Que la botte nazie mit Paris en tutelle en 1940 et que l'état-major allemand résidait à l'Hôtel Lutetia. Que l'Hôtel-Dieu de Paris existe depuis le 7e siècle et traite ses malades depuis sous le même nom. Qu'on a mis en évidence, en face du parvis de Notre-Dame, un site archéologique témoignant des tout débuts de l'implantation humaine à Paris. Que tu verras Le Penseur au musée Rodin. Que Paris est belle, finalement, et parle français. Qu'elle mange bien et boit encore mieux.

C'est à tout ça qu'il faut penser quand on arpente les alentours de la Seine. Chaque pas devient alors un pèlerinage, chaque coin de rue un chapitre d'histoire. Car il te faut, autour de la Seine, à Paris, marcher tout doucement, en regardant de tous les côtés. Dieu que j'ai regretté de n'avoir pas eu ni la chance ni le dessein d'y aller étudier.

Delhorno

MES RIVIERES: LA MISSISSIPI

4. La rivière Mississipi

Pas certain qu'elle ne soit qu'une rivière... Les Américains disent Mississipi RIVER. Il semble que l'anglais ne fasse pas de différence entre une rivière et un fleuve; tous deux sont RIVER. En ce qui concerne, le Mississipi serait plutôt un fleuve qu'une rivière. Mais bon... Elle avait été française, le savais-tu, Gibus. Relis ton histoire.

Plus grand fleuve des Etats-Unis, selon l'enseignement de mes maîtresses d'école. C'est tout ce que j'en savais. Jusqu'à la fin-juin 1971. J'arrivai cet après-midi-là, par l'autoroute 35, de Duluth et du Canada. C'était la canicule à Minneapolis: une senteur de maïs brûlé ne manquait pas de vous répugner. Nous étions fatigués. Chambre bas-de-gamme dans un Howard Johnson pour quelques jours. Il fallut tout de suite chercher un appartement, que nous dénichâmes, après essais et erreurs, dans le nord de la ville, sur Foss Road. Location de mobilier. Le lundi matin, je garais ma Datsun orange-brûlée sur le stationnement surélevé des University of Minnesota Hospitals. C'est alors, à ce moment exact, que je la vis. La MISSISSIPI RIVER. Elle me déconcerta quelque peu, par sa piètre largeur. Je l'avais imaginée plus spectaculaire, fourmillant de DELTA QUEEN, de barges et de remorqueurs. Rien de tout cela. Je la côtoyai durant les quinze mois suivants. Relations que je qualifierais de "routières", car je ne l'aperçus jamais que du haut de mon stationnement ou des ponts qu'il me fallait traverser.

Elle séparait Minneapolis de St-Paul. Je m'étais rendu là à cause de quelques hommes: Christian Barnard, première transplantation cardiaque, les frères Grondin, chirurgiens cardiaques à Montréal, Emile Bertho, le premier chirurgien cardiaque de Chicoutimi. Je m'aperçus bientôt que je n'avais pas l'étoffe d'un chirurgien cardiaque, que je ne savais pas l'anglais, que je ne pourrais pas demeurer là bien longtemps. Immersion douloureuse, sinon pénible, s'il en fut une...

Je dus, sous pression, apprendre l'anglais, en quelques mois. Les Américains de Minneapolis me montrèrent ensuite leur WAY, THE AMERICAN WAY, faire les choses rapidement, avec agressivité, "get things done", ce qu'on ne m'avait pas enseigné à Chicoutimi et Québec. Ils m'initièrent à ce traitement nouvelle vague, PARENTERAL HYPERALIMENTATION, à insérer les sondes sous-clavières nécessaires à l'instillation de ces nouveaux solutés. J'apprendrais à travailler fort, tout le temps, à négliger ma vie personnelle et celle de celle qui m'avait suivi par amour, et celle de mes enfants à venir, dans la poursuite d'une tâche prométhéenne... La maladie, en effet, est éternelle. Quand je revins au Québec, en octobre 1973, j'avais changé...

C'est sur la rive ouest du Mississipi, un samedi soir, le 5 août 1972, qu'il naquit, les cheveux tout noirs, l'air intelligent. Il fut tant aimé. Trop, peut-être? Mes frères, ma belle-soeur, vinrent "se virer", son parrain, notamment. Mes beaux-parents, aussi.

Minneapolis, ce fut aussi la rivière Minnetonka, Le Hennepin County, les rues Marquette et Jolliet, en l'honneur de ces français qui y vinrent les premiers. Marion Tallent, un collègue du South, qui avait enregistré un disque country à Nashville. Il voulait devenir chirurgien, mais il m'avait plutôt l'air d'un guitariste dixie... Bill Weintraub, le premier "New York Jew" que j'aie jamais rencontré, mais aussi le plus bel "enfant de c..." qui eût jusque là croisé ma vie. John Najarian, le grand chef, ex-footballer pour l'université de San Francico. Il s'adonnait à la transplantation rénale. Je fus capable de lui dire, d'homme à homme, que je retournais chez moi, en septembre 1972. Bart Cuderman, un de mes chef-résidents. Celui-là me ridiculisait parce que je parlais mal anglais. Je le recontrai quelques années plus tard dans un congrès: "I became a good surgeon in spite of you"... Dick Something, qui vint manger un soir chez nous; il voulait devenir urologue et s'établir à Sacramento, Californie. Ne l'ai jamais revu. Jean QuelqueChose, un Armoricain, qui avait épousé une chicoutimienne. Il faisait de la recherche dans les soubassements de l'hôpital. Il m'enseigna à surrénalectomiser des rats et m'introduisit à la chronobiologie. Sa vie prendrait une tangente marginale et on l'interdirait de pratique. Ironie du sort... Ce boucher de Green Bay, au Wisconsin... Je l'avais opéré d'une hernie inguinale. Il m'avait aimé. Lors de la visite de relance, il m'apporta un filet mignon long de deux pieds! Je n'avais jamais vu ça de ma vie. Jean-Claude Tremblay, le défenseur de Bagotville. Nous allâmes le voir jouer à deux reprises contre les North Stars. Les Gophers, aussi, l'équipe de football de l'Université du Minnesota. Un samedi après-midi. Non! Je n'ai rien vu d'autre! Si! Rochester, la Mayo Clinic, un dimanche. Mais rien de l'Iowa, ni des Dakota, à peu près rien du Wisconsin et du Michigan. Nous aurions pu, pourtant. Si seulement j'avais su...

Une nuit, -il venait à peine de naître- je m'endormirais sur l'autoroute en revenant du VA Hospital. J'aurais pu y laisser ma peau... L'autorité chirurgicale m'avait indiqué qu'ils ne me garderaient pas pour les années suivantes. Ca m'avait ulcéré. J'appelai Nicole Wells à Chicoutimi, lui précisai mon désarroi et mon désir de revenir chez moi. "Viens-t'en", qu'elle me dit.

Nous partîmes de Minneapolis un beau matin de septembre. Le soir-même, coucher à Kalamazoo, dans le Michigan. Ce fut ensuite Peterborough, chez la belle-soeur, et l'arrivée, le lendemain soir, au Saguenay. Je n'oublierai jamais le visage de Mutt, quand il le prit dans ses bras. Arrivé fauché à Minneapolis, je la quittai également fauché! La vie continua... Quelques mois plus tard, je sauverais d'une mort certaine un dénommé Jean Champigny: je simplement mis en pratique ce qu'on m'avait appris sur les bords du Mississipi, HYPERALIMENTATION.

Demain: La Rupert

Delhorno

vendredi 11 juillet 2008

MES RIVIERES: LA ROUGE

3. LA RIVIERE ROUGE

Elle m'est venue un peu plus tard, à 17 ou 18ans. Par les Clubs 4-H. Un job de moniteur de camp d'été. Les deux premières semaines, nous allions à Réserve de Parke, tout près de Saint-Alexandre de Kamouraska. Les deux dernières, nous déménagions nos pénates au lac Monroe, à l'autre bout du Québec, dans le parc du Mont-Tremblant. Il y eut un changement la dernière année: ça serait la Rivière Rouge. Le campement avait été construit pas très loin de la rivière, qui faisait une chute ultra-pittoresque à cet endroit. Elle faisait aussi un énorme méandre avant de se muer en cascade. J'y emmènerais quinze ans plus tard deux merveilles: un petit garçon "mal commode" et une petite fille blonde qui m'enlevait tous mes moyens. Nous nous baignerions dans ces eaux calmes sans jamais nous douter de ce que l'avenir nous réservait.

La rivière Rouge. Nous couchions dans le bâtiment principal qui regroupait la salle à manger, la salle de réunion et la cuisine. Nos lits étaient regroupés tout près des étals du cuisinier. Les plus vieux dormaient dans les couchettes du bas. Je dormais donc au deuxième étage: Dieu qu'il y faisait chaud! Grosse leçon de camaraderie... Dans ces camps de vacances pour jeunes, ce sont ceux-ci qui importent, qui prennent toute la place. Les gros égos doivent s'effacer...

La rivière Rouge, ce fut: l'autoroute du Nord, St-Jovite, Grenville et Hawkesburry, l'amitié, l'oubli de soi, tout un pan du Québec fort différent de ce que j'avais connu jusqu'alors, la simplicité de l'environnement, des moyens, des rapports humains. C'est aussi là que je découvris LE PETIT TRAIN DU NORD, la chansonnette de Félix Leclerc. Parmi des archives de tous acabits. Je me souviens avoir joué la musique à la flûte à bec avant de pouvoir la chanter et la faire chanter aux jeunes. Je me doutai alors, à travers LE PETIT TRAIN DU NORD, qu'il y avait une autre sorte de musique: le jazz. Ca devait devenir une des grosses affaires de ma vie...

Demain: le Mississipi

Delhorno

jeudi 10 juillet 2008

MES RIVIERES: LA MALBAIE

2. LA RIVIERE MALBAIE

La Malbaie. Ce nom s'était approprié une valeur mythique dans le monde des Delhorno au début des années cinquante. Il vous savoir que les Delhorno étaient gens de chasse et de pêche depuis l'installation de l'ancêtre en Nouvelle-France. L'un des leurs avait été réputé le meilleur chasseur de l'Isle-aux-Couldres au début du 19e siècle. Il n'était pas facile, dans le temps que je vous parle, de se faire octroyer un territoire de chasse et pêche au pays de Québec. Il vous fallait être politiquement bien placé, au bon endroit, au bon moment. C'est l'exploit que réussirent les Delhorno, aidés de l'oncle Pierre-Alphonse, du curé Boily, de Chantal Tremblay et des frères Oscar et Jean-Marie Boulianne. "Le Club de Chasse et Pêche Notre-Dame des Flots". Un triangle de rêve dont le côté nord était situé entre les 2e et 3e ponts sur la rivière Malbaie. Le territoire se rétrécissait sournoisement en direction du lac Moreau, du lac des Bouleaux, ceux de la Grosse Femelle, de la Fringale et des étangs d'Argentenay.

La rivière Malbaie... Elle fut, je pense, le second amour de Mutt jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'y rendre, au début des années soixante. Il la connaissait comme le fond de sa poche. Le Premier Pont, Le Deuxième Pont, la décharge du lac Moreau, la décharge du lac du Cran Rouge, le Troisième Pont, le Grand Remous. Oh! Que de fois nous entendîmes résonner ces vocables quasi homériques dans la cuisine de la maison. Histoires de pêche, de chasse, de randonnées, d'incidents, de chicanes!

Je vous ai raconté, je crois, l'histoire de mon premier voyage de pêche sur la Malbaie. Il y eut aussi celle-ci, qui survint un froid samedi de novembre, sur la colline qui surplombe le ruisseau du Cran-Rouge tout près de son arrivée dans la rivière Malbaie. Il y avait là le cousin Gaston, Mutt, mon petit frère Marcel et moi, Claudio Delhorno. Gaston était venu visiter ses pièges à vison, ainsi qu'il le faisait hebdomadairement. Nous marchions tout doucement, et nous parlions bas, ainsi qu'il se doit, dans les bois. Tout à coup, Marcel chuchota:
-Regardez, regardez ce qu'il y a là-bas!
C'étaient de belles taches noires qui glissaient dans l'eau à partir de la blanche berge escarpée du ruisseau. On aurait dit des enfants faisant du toboggan. Nous restâmes interdits plusieurs instants. Des loutres! Mutt n'avait jamais vu ça de toute sa vie. Les spectacles, malheureusement, s'achèvent toujours. Les loutres, sans doute, sentirent notre présence incongrue et disparurent. Des spectacles, j'en ai vu tant et tant depuis ce samedi de novembre. Celui-ci, sur les bords de la rivière Malbaie, un samedi froid de novembre, du vivant de Mutt, je ne l'ai jamais oublié.

Un autre samedi matin, que j'étais venu de l'université pour aller chasser avec Mutt. Un petit étang, tout à côté de la Malbaie, où nous étions plus ou moins embusqués. Deux beaux canards tout à coup amerrissent à nos pieds, dans une frénésie qui sema la panique chez Mutt, qui ne parvint jamais à charger son fusil!
-Donne-le-moi! lui dis-je exaspéré.
Il ne voulut point. Je l'ai toujours soupçonné de n'avoir pas permis ce meurtre. Au fil du temps, à force d'avoir vécu tout près de la vie et de la mort dans les hôpitaux, j'ai souvent remercié Mutt de son incompétence lors de ce samedi: elle a permis que nous laissions vivre ces deux amis ailés.

Je n'oublierai pas, non plus, cette orignale que nous vîmes courir devant nous un autre après-midi d'automne. Nous ne sommes que peu nombreux à avoir vu ça. Ce gros ours noir, aussi, qui, poltron, se sauvait à en perdre haleine. Ces castors, inlassables, qui éclusaient tout ce qu'il y avait de rus et de ruisseaux sur les bords de notre rivière.

La Malbaie? Je l'ai marchée, je l'ai respirée, je m'y suis trempé jusqu'aux épaules, je l'ai tant et tant regardée, admirée, je l'ai tant aimée.

Plus tard, plus vieux, j'organiserais une escapade aux "Eaux-Mortes de la rivière Malbaie". J'y voguerais toute une journée, toute une soirée, jusqu'au pied des chutes qui descendent du lac Malbaie. Le beau-frère y prendrait une superbe truite, un trophée, que nous n'oublierions pas. Je ferais tout ce voyage en pensant à Mutt, qui m'avait parlé de ces eaux mortes comme d'un Eldorado, en pensant aussi à Menaud et au Huard...

Demain: LA RIVIERE ROUGE

Delhorno

mercredi 9 juillet 2008

MES RIVIERES: LA RIVIERE A MARS

Il en va des rivières comme des amis, comme des chansons, comme des écrivains. Certaines et certains vous suivent votre vie durant et semblent faire partie intégrante de votre être. Venant de Montréal cet après-midi, j'ai traversé la rivière Pikauba, qui prend sa source dans le coeur du parc des Laurentides et court se jeter dans le lac Kénogami. Ca m'a fait penser, chers Gibus et MCPherson, qu'il me fallait, aujourd'hui, vous parler des rivières de ma vie.

1. LA RIVIERE A MARS

Son nom manque peut-être un peu de charme... Nommée ainsi en l'honneur de Mars Simard, le premier colon de Bagotville, qui bâtit sa maison tout près de l'embouchure de ce cours d'eau. Cette rivière est fort importante pour moi: car c'est Mutt qui me la fit découvrir. J'avai à peine cinq, six ou sept ans. Un taxi nous amena de Port-Alfred, Cinquième Avenue, peu après la messe du dimanche, en amont; j'ai complètement oublié l'endroit exact où nous débarquâmes. Toujours est-il que Mutt avait apporté sa canne à pêcher. Nous longeâmes donc la berge sud de la rivière en direction de son estuaire. Mutt était laconique, c'est-à-dire un homme de peu de mots... Je sus ce matin-là qu'il avait pêché dans cette rivière une partie de sa jeunesse, qu'il y avait pris de belles truites et des saumoneaux. Ironie du sort, il ferra un jeune saumon ce matin-là!

Quelques mois, ou quelques années plus tard, Thérèse, la soeur de ma tante Claire, me fit découvrir un aspect nouveau de la rivière à Mars: on pouvait s'y baigner. Elle m'y emmena quelquefois, et je lui en saurai gré jusqu'à la fin de mon existence.

La rivière à Mars fut aussi celle de Louis-Joseph. Mon beau-père. Il me racontait, d'une verve que je ne lui connaissais point, comment lui et son père pêchaient dans une fosse située pas très loin du "tracel", la nuit, au fanal, des saumons énormissimes qu'ils revendaient au cuisinier du bateau de la Canada Steamship. Je ne me lassais point de lui faire revivre ces temps épiques, d'autant plus que le saumon a pratiquement disparu de la rivière à Mars de nos jours.

La rivière à Mars fut encore celle du curé Boily. Il y possédait un chalet, en amont de Port-Alfred et Bagotville, où il emmenait ses monitrices de son terrain de jeu se baigner, en fin de journée, après la fin des activités. Parmi ces monitrices, il s'en trouva une qui changea ma vie: c'est le curé Boily qui nous maria.

Mon souvenir le plus récent? 1976. Traverser la rivière à Mars "caminando", sur le "tracel", de la rue St-Jean à la Cinquième Avenue, où résidait ma mère, chez laquelle j'allais étudier chaque matin en vue de l'examen de chirurgie. Mutt nous avait quittés peu auparavant. Bien des choses avaient changé dans la maison de mon enfance. Le bonheur, notamment, qui s'était enfui.

Demain: LA RIVIERE MALBAIE

Delhorno

jeudi 3 juillet 2008

GUY BEART

Vous en souviendrez-vous, Gibus et McPherson?
Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l'autre
Pense à ceux qui tous ont laissé leur nom gravé
Auprès du nôtre...
Eh oui! Un autre de mes grands amis. En fait, il était mon ami, mais ignorait totalement que je le revendiquais comme ami. Fin des années cinquante, début des années soixante. J'ignore tout à fait pourquoi je vous parle ce soir de Béart. Ca m'est venu comme ça, tout bonnement. J'ai acheté trois ou quatre de ses vinyles (33tours). Ceux-ci sont venus après les 78 tours. Il y eut aussi les 45 tours.

L'avons découvert ma mère et moi, au déjeuner, à la radio, avant l'école. LE CHAPEAU. C'était de lui. Longtemps j'ai su par coeur cette chanson. L'EAU VIVE, BAL CHEZ TEMPOREL, CHANDERGANOR, OBELISQUE, LAURA, IL Y A PLUS D'UN AN, DANS REGRETTABLE ...

Ne dites pas qu'il n'y a rien dans les chansonnettes. J'y ai appris une partie de ma culture et beaucoup de mon français.

Béart est disparu de la circulation à la fin des années soixante. "Ringard", qu'on a dit. Dommage. J'ai adoré sa poésie et ses chansons. Il vit encore, semble-t-il. Près de Paris. A eu un cancer à un moment donné. Un surdoué.

Delhorno

mercredi 2 juillet 2008

LE CLUB DE GOLF DE PORT-ALFRED

Dans quelques heures, je décocherai sur le tertre de départ #1 à Port-Alfred. Banalité, me diras-tu, cher McPherson. Eh bien! Non. Ce ne sera pas et ne sera jamais une banalité. Car c'est là que j'ai joué au golf pour la première fois, avec André, mon frère, nous partagions le même sac, des bâtons de bois achetés de Reine-Marguerite Bergeron, la maîtresse d'école, pour quelques dollars. Que de désillusions y avons-nous vécues... J'avais dix ans à peine, André huit. L'oncle Fernand nous avait enseigné, fort brièvement il faut le dire, les pseudomystères de l'élan de golf et... nous voilà lancés. Que de balles perdues, que de parties brisées à jamais. Mais que de beaux souvenirs aussi.

Le Port-Alfred était un neuf trous à l'écossaise, construit à l'origine pour et par les Anglais qui venaient travailler à la Consol: les Hogan, les Sweeney et plusieurs autres dont j'ai oublié les noms. Les pure-laine suivirent le mouvement, dont les Delhorno, Mutt et mes oncles Frenand et Raymond, qui furent parmi les premiers francos à s'essayer au jeu des anglais. La suprématie anglophone était terminée quand Dédé et moi nous mîmes au golf. Les pure-laine avaient pris le contrôle du lieu, tout s'y passait en français.

Du plus loin que je me souvienne, je n'ai jamais su l'élan de golf comme il faut. Manque de talent naturel, sans doute. J'aurais dû, on aurait dû me le dire, prendre des cours du professionnel. On ne semblait pas penser à cela à cette époque. J'ai continué à m'essayer, toutes ces années, avec une ardeur et un amour jamais taris, traînant des années durant un slice dévastateur, des coups ratés par une trop grande impétuosité. Quelques beaux coups, aussi, qu'on n'oublie jamais et qui vous font revenir le lendemain.

J'ai réussi mon premier birdie sur le trou #3, une normale 4, lors d'un tournoi pour gamins. J'avais deux coups d'effectués et la balle se trouvait au début du vert. Je pris le petit "chipper" brun de l'oncle Fernand et la balle retrouva le trou. Je me souviens qu'on me donna une balle de golf en cadeau pour cet exploit.

Mutt ne fut pas un très grand joueur, je pense. Car une fois il vint jouer avec moi, la seule fois de ma vie où je le vis s'élancer au golf. Son élan n'était pas très bon... si ma souvenance est exacte. A sa décharge, je vous avouerai que c'était presque l'hiver ce matin-là chez nous à la Baie.

L'oncle Fernand, par contre, était un champion; il avait remporté la plupart des tournois du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Peu patient, par contre, impatient même. Toujours pressé d'en finir. c'est ainsi qu'il m'a perdu comme ami. L'oncle Raymond frappait fort, mais souvent croche. Pas un très grand joueur. Ces gars-là étaient incapables de parler à leurs neveux...

J'ai travaillé comme étudiant sur mon terrain de golf! J'avais vingt ans, vingt et un an. Les verts des trous #4 et #5, c'est moi qui les ai fabriqués, en compagnie d'Isoland Claveau de St-Félix et de quelques autres.

Il y eut aussi l'époque des trois frères Delhorno: André, Marcel et Claude. Nous avions coutume, durant ces quelques années, de jouer un neuf à cinq heures le soir. Notre partenaire préféré était Alain Gagné. Quelquefois, Nicole Janelle se joignait à nous. Mutt venait nous voir jouer sur les trous #7 et#8. La partie terminée, nous ne manquions jamais de siroter une bière au clubhouse, tout en commentant nos faits d'armes. Lulu nous attendait à la maison avec le souper prêt. Mutt ne se privait pas d'ironiser sur notre calibre de jeu, à grands renforts d'éclats de rire.

Mon plus bel exploit? Jérôme devait avoir 10 ou 11 ans. C'était un tournoi de gageurs, par équipes de quatre. Notre capitaine était un Harvey d'Alma. Il y avait aussi Michel Simard, l'ex-lanceur de baseball, Julien Côté, le fils de Roland Côté. Nous étions en prolongation sur le trou #1. C'en était fini de notre équipe si nous ne réussissions pas ce grand putt de trente pieds qui descendait vers le début du vert. Les deux premiers à "putter" avaient pensé que le putt tournait vers la droite et l'avaient manqué. Moi, je savais d'instinct, pour avoir joué ce vert depuis ma tendre enfance, que ce putt tournait vers la gauche. La pression était énorme... Je visai un pied à la droite du trou et la balle se dirigea dans le trou! Il s'ensuivit une clameur que je n'avais connue jusqu'alors dans ma vie. Les spectateurs étaient tous des baieriverains qui m'avaient connu depuis ma tendre enfance et qui étaient fiers de ce putt tout autant que moi. Ce putt nous permit de gagner la deuxième place et me permit d'engranger plus de mille dollars! Car j'avais gagé sur les chances de mon équipe. J'avais gagé "PLACE"! Notre équipe ayant été négligée par les parieurs, je m'en retournai à Chicoutimi avec la totalité de la cagnotte! Jérôme était mon caddie ce jour-là: il réclama son dû! Dix pour cent de mes gains!

J'ai quitté Port-Alfred à l'âge de vingts-six ans. Sans jamais avoir oublié mon terrain de golf. Chaque été, je m'efforce d'y effectuer un retour, comme une sorte de pèlerinage. Mais, ce n'est jamais un effort, et c'est toujours une belle journée.

Delhorno