lundi 29 octobre 2007

PANNE D'INSPIRATION

Je ne suis pas à court d'idées précisément. J'aimerais disserter sur Mario Dumont, la girouette nationale, sur madame Marois et son projet de loi, sur tous les cons que j'ai croisés depuis trent-cinq ans, sur les erratiques que j'ai connus, sur mes bons coups, sur mes mauvais coups, mes humiliations, mes envols. J'en aurais trop à dire pour ce petit cadre. En effet, comme au soccer, il me faut "cadrer" mon lancer. Laisse-moi donc, cher McPhee, te présenter quelques bijoux que j'aurais bien aimé avoir trouvés moi-même:
1. LES PERLES BLANCHES
SUR MES MANCHES TOMBEES
QUAND LE COEUR ENCORE PLEIN
NOUS NOUS QUITTAMES
JE LES EMPORTE
COMME UN SOUVENIR DE VOUS. Kokinshu

2. L'INTELLIGENCE: "CE N'EST PAS UN DON SACRE, C'EST LA SEULE ARME DES PRIMATES." Muriel Barbery

3. NOUS SOMMES TOUS DANS LE CANIVEAU, MAIS CERTAINS D'ENTRE NOUS REGARDENT LES ETOILES. Oscar Wilde

4. LES OIES FONT SUREMENT MOINS DE SOTTISES QU'ON N'EN ECRIT AVEC LEURS PLUMES. Talleyrand

5. DE TEMPS EN TEMPS LES HOMMES TOMBENT SUR LA VERITE; LA PLUPART SE RELEVENT COMME SI RIEN N'ETAIT. Winston Churchil

Salut McPh! Delhorno

samedi 27 octobre 2007

DERNIERE ESCALE

C'est, mon cher Gibus, le titre du dernier volet des mémoires de Jean-Paul Desbiens, alias Frère Pierre-Jérôme, alias Frère Untel. Il est décédé le dimanche 23 juillet 2006. A l'hôpital Laval. Allait avoir 80 ans. D'un cancer du poumon. Gros fumeur. On l'avait "décompté" -il n'avait pas 30 ans-tuberculose pulmonaire. Dernières années misérables: MPOC, hernies discales lombaires, mal partout.
J'en parle d'abondance, car il fut l'une de mes idoles. Tout ça commença avec "Les Insolences". Mon père lisait "Le Devoir". Je l'ai toujours admiré pour ça, en passant, car il était à peu près inculte... Il me présenta Untel par ses lettres au journal. Début des années 60. Le livre entra dans notre maison dès sa parution. Et je rejoue encore dans ma tête l'interview à Radio-Canada. On le perdit de vue par la suite: études en Europe, Ministère de l'Education. Avait enseigné à Chicoutimi, en passant!
Je le retrouvai à La Presse, à une époque où j'étais trop occupé pour y mettre du temps.
Curieusement, à chaque fois que je partais en vacances, Untel venait d'achever un pan de ses Mémoires! J'achetais donc le livre et je le lisais sur les plages des Caraïbes. Je crois avoir tout lu ou presque de ce qu'il a écrit depuis 20-25 ans.
Tu ne seras donc pas étonné, Gibus, que j'aie adressé un petit mot au Quotidien au lendemain de son décès.
Jean-Paul Desbiens aura été, à mon sens, un des grands intellectuels québecois. Gros jugement, culture inégalée. Pragmatisme, aussi. Écrivait bien, "à la hache". Catholique convaincu, il va sans dire. Amour des mots, de notre langue. Un gars de chez nous, finalement. Je te retranscris quelques-uns des "bons" passages qu'il m'a légués dans DERNIERE ESCALE.
1. La plupart des choses du monde se font par elles-mêmes. Montaigne.
2. Le plus difficile, le vrai test, c'est de se retirer avec grâce, avec désinvolture, puisque c'est le mot qui convient. Untel
3. C'est au moment où l'on saurait vivre que l'on meurt. Bergson
4. On se lasse de tout, sauf de comprendre. Untel
5. J'irais au bout du monde pour un bout de conversation. B. D'Aurevilly
6. Viser bas, ce n'est pas viser juste. Untel
7. On a le droit de tout penser. Tout dire, c'est autre chose. Philippe Bilger
8. Il ne suffit pas d'être pauvre pour avoir raison. Untel
9. La justice n'est ni la vengeance, ni l'égalité. Thibon
10. Yanqui go home and take me with you. Graffitis en Colombie.
11. Tais-toi, ou dis quelque chose de meilleur que le silence. Pythagore
12. Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Guillaume d'Orange, dit le Taciturne.

Voilà! Delhorno

lundi 22 octobre 2007

L'AMERIQUE FRANÇAISE

Mon ami Sarrazin, encore une fois, a piqué ma curiosité. J'ai visité le site des Archives du Petit Séminaire de Québec. On y trouve beaucoup de choses... Mais je n'ai pas manqué de noter que l'Évêque de Québec. avant 1700, avait envoyé des missionnaires dans une bourgade du Kentucky ou du Missouri pour évangéliser. Le village était sis sur les rives du Mississipi et longtemps il fut un incontournable dans la région. Aussitôt mon "rétrospectroscope" s'est mis à cogiter, et je n'ai pu l'empêcher!
J'ai vécu au Minnesota, à Minneapolis, en 1972 et 1973. J'y étudiais, mon cher Gibus! Mais je n'ai jamais oublié que j'habitais le Hennepin County (en souvenir du Père Hennepin, un missionnaire français), qu'il y avait une rue Jolliet et une avenue Marquette, deux noms de chez nous, que tu devrais connaître...
Plusieurs années plus tard, j'ai acheté un livre d'un journaliste de La Presse en poste aux États-Unis qui traitait de la découverte de l'Orégon par l'armée américaine. Le détachement suivit la rivière Missouri pour ensuite déboucher sur la tête du fleuve Columbia. Savez-vous qui guidait l'officier américain? Un coureur des bois canadien-français dont j'oublie le nom et qui connaissait toutes les tribus indiennes des environs ainsi que le cours du Missouri.
Il y a tant d'autres détails qu'il faut savoir...
Le drame de Félix-Antoine Savard "La Dalle des Morts" relate incidemment un voyage d'un coureur de bois dans le nord-ouest américain. Tout le monde a oublié cette pièce! Moi, il me reste en mémoire ces mots du Huard: "Les petits canadiens français ont besoin d'entendre dire que ce continent fut d'abord et avant tout français et que leurs ancêtres, avec des moyens dérisoires, y ont bâti un empire qui a peu d'équivalent dans le monde moderne." Inutile de te dire, Gibus, que je tressaille quand j'entends Menaud (deuxième surnom de monseigneur Savard) marteler ces mots dans mon souvenir.
Delhorno

vendredi 19 octobre 2007

AU PAYS DU CHIAC

Je suis au fond de la baie des Chaleurs, pas très loin de l'endroit où la bataille de la Re(i)stigouche a eu lieu. On m'a raconté que les trois bateaux français -l'un s'appelait le Bienfaisant- jouaient au chat et à la souris avec les frégates anglaises, beaucoup mieux armées, mais aussi avec un plus fort tirant d'eau. Les vaisseaux français purent ainsi s'avancer davantage dans l'estuaire de la Restigouche... Mais leur parvint alors la nouvelle de la défaite de Montréal, et ils se sabordèrent. Les vestiges des vaisseaux furent retrouvés et sont exposés au musée de Listiguj, laquelle est aussi une réserve indienne (MicMacs).
On penserait que c'est un pays anglais et c'est tout le contraire qu'on rencontre. Les Acadiens ne semblent pas parler français, ils vous saluent, vous servent en anglais, et tout à coup, quand ils s'aperçoivent qu'ils s'adressent à des semblables, ils vous sortent leur trésor, comme d'une huître: le CHIAC. Le CHIAC, c'est d'abord un accent, puis un mélange de vieux français, d'anglais et de français moderne. Ils routent les "R", et chantent en parlant. Ils ajoutent à tout cela, une simplicité, une bonhommie qui vous mettent à l'aise tout de suite.
Plusieurs acadiens se sont anglicisés... Rosie Lapointe me demanda de lui parler en anglais: je fis tout un saut! Ne parler qu'anglais avec un tel nom... Je me suis abstenu de juger... Plus jeune, j'aurais sans doute méprisé. Puis, je me suis dit que le prix de la survie, c'est le CHIAC pour un grand nombre, l'anglicisation pour le restant.
On me dit que le nord du Nouveau-Brunswick est en train de se franciser! Que les anglophones tendent à migrer vers le sud, vers Fredericton et Saint-Jean. L'Hôpital de Campbellton, c'est un hôpital bilingue, oui, mais tout s'y passe en français, et c'est rempli de médecins québécois.

Mes trouvailles de ce séjour?

1. "Le plus difficile, le vrai test, c'est de se retirer avec grâce, avec désinvolture, puisque c'est le mot qui convient." Frère Untel
2. "Toute vérité peut être dite hautement pourvu que la discrétion tempère lediscours et que la charité l'anime." Bossuet
3. "C'est au moment où l'on saurait vivre que l'on meurt." Bergson

Delhorno

lundi 8 octobre 2007

LA NECROLOGIE DU FIGARO

Je ne te parle pas, McPherson, du Figaro de Beaumarchais, celui qui a déclaré: "SANS LA LIBERTE DE BLAMER, IL N'EST POINT D'ELOGE FLATTEUR". Il s'agit du journal! Le journal, il faut bien le dire, tire cependant son nom de l'illustre barbier de Séville et sa page frontispice inclut quotidiennement la célèbre tirade.

J'ai découvert Le Figaro par hasard, un matin de juillet, à Alicante en Espagne. J'avais ce matin-là la nostalgie du français, pour ne pas dire une fringale de français... Arrive un kiosque à journaux et ne vois-je pas... La tirade fameuse du barbier attire tout de suite mon attention: j'achète le journal que je lirai face à la mer chaudement installé sur un banc de la marina. C'est ainsi que naquit notre amitié, Le Figaro et moi.

Tout ça pour en arriver à mon propos, McPhee! Il te faudra jeter un oeil sur la page nécrologique du Figaro. Ils ont une manière raffinée d'annoncer les décès:

"Madame Bernadette Toulemonde et ses enfants Georges, Denise et Jean-Pierre ont la tristesse de vous annoncer le décès de monsieur Gabriel Brind'amour... Vient ensuite fréquemment une courte biographie: Il commanda la Légion Etrangère à Dien Bien Phu etc... A plusieurs reprises, j'ai noté que la famille ajoute une phrase, un quatrain, une tirade qui furent, pour ainsi dire, la marque de commerce du défunt. En voici deux que j'ai retranscrites:

IL DEPEND DE CELUI QUI PASSE
QUE JE SOIS TOMBE OU TRESOR,
QUE JE PARLE OU ME TAISE.
AMI, CELA NE TIENT QU'A TOI.
N'ENTRE PAS ICI SANS DESIR. Paul Valery



ET SI UN DERNIER FEU
DANS LE SOIR TE DECORE
PLUTOT QUE DE DIRE ADIEU
DIS-LUI MERCI ENCORE. Jacques Davignon (il avait été poète)



J'avais le sentiment, en lisant la page nécrologique du Figaro, que ceux qui ont la chance de décéder dans cette page meurent autrement! Qu'ils meurent pour ainsi dire "en première classe".

Delhorno

jeudi 4 octobre 2007

DE MON AMI VICTOR...

Un jour, je vis passer une femme inconnue.
Cette femme semblait descendre de la nue;
Elle avait sur le dos des ailes, et du miel
Sur sa bouche entr'ouverte, et dans ses yeux le ciel.
A des voyageurs las, à des errants sans nombre,
Elle montrait du doigt une route dans l'ombre,
Et semblait dire: On peut se tromper de chemin.
Son regard faisait grâce à tout le genre humain;
Elle était radieuse et douce; et, derrière elle,
Des monstres attendris venaient, baisant son aile,
Des lions graciés, des tigres repentants,
Nemrod sauvé, Néron en pleurs; et par instants,
A force d'être bonne elle paraissait folle.
Et, tombant à genoux, sans dire une parole,
Je l'adorai, croyant deviner qui c'était.
Mais elle, -devant l'ange en vain l'homme se tait-
Vit ma pensée, et dit: Faut-il qu'on t'avertisse?
Tu me crois la pitié; fils, je suis la Justice.
Hugo.

Delhorno

mercredi 3 octobre 2007

HAS-BEEN

Caillé et Garon penchent donc vers l'ADQ.
Une vénérable ex-ministre péquiste -Harel- a ainsi commenté:
-DES HAS-BEEN!
Elle s'est aussitôt sauvée, s'évertuant à cacher dans la fuite un sourire méprisant.
A été obligée de s'excuser aujourd'hui, du bout des lèvres.

Je dois me confesser, Gibus. J'ai moi-même pensé, quand j'ai vu, à la télé, les binettes sexagénaires des deux néo-adéquistes:
-Bon Dieu de Sorel! Que vont-ils faire là? Ils n'ont plus rien à dire. On leur a donné leur chance il y a quelques années, et ils se sont fourvoyés. Que ne restent-ils chez eux à placer leurs tasses à café dans le lave-vaisselle? Ne le savent-ils pas que nous les avons assez vus? Ils doivent avoir besoin d'argent... Anxieux, comme tant d'autres, de conter leur petite histoire...

Puis je me suis ravisé. J'ai le même âge que ces deux gars-là... Ségrégation en raison de l'âge chronologique... Atteinte aux droits de la personne... Attaque "ad hominem"... Irrespect de la liberté... Et je me suis tu!

Pas mécontent cependant de voir une grosse pointure péquiste perdre les pédales! Il y a donc plus que quelques Delhorno dans la cohorte des intempestifs... Louise Harel n'est elle-même pas très loin d'être une HAS-BEEN...

C'est alors que m'est revenue en mémoire cette petite phrase du temps du Petit Séminaire, phrase dont j'ai oublié l'auteur:
"ON N'EST POINT UN HOMME SUPÉRIEUR PARCE QU'ON ENVISAGE LE MONDE SOUS UN JOUR ODIEUX."

delhorno

lundi 1 octobre 2007

L'ETRE LE PLUS EXTRAORDINAIRE QUE J'AI CONNU

Te souviens-tu, McPherson, te souviens-tu Gibus, de cette chronique du Sélection du Reader's Digest que nous lisions dans notre jeunesse? "L'être le plus extraordinaire que j'ai connu"? Pourquoi arrivé-je avec cette réminiscence ce soir? Parce que...
Vous souvenez-vous de "L'homme qui plantait des arbres"? Oui, c'est le documentaire du gars de l'Office National du Film dont j'ai oublié le nom. Vous savez, celui qui porte une paire de lunettes spéciale? Celui qui est borgne, ou presque, d'un accident?
Oui, son documentaire était excellent. Mais ce n'est pas mon sujet...
Le Sélection-France organisa un concours littéraire intitulé "L'être le plus extraordinaire que j'ai connu". Beaucoup participèrent. Le gagnant fut un certain Jean Giono. Son texte s'intitulait: "L'homme qui plantait des arbres". Fort impressionné lors de ma lecture, j'ai conservé dans un de mes livres de souvenirs ce passage:

"Pour que le caractère d'un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l'idée qui la dirige est d'une générosité sans exemple, s'il est absolument certain qu'elle n'a cherché de récompense nulle part et qu'au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d'erreurs, devant un caractère inoubliable."
Intéressant, n'est-ce pas? En avons-nous tant connu de ces personnages que nous pouvons définir exactement par ce paragraphe? Moi, j'en ai connu quelques-uns... Mais là n'est pas mon propos! Les Français cherchèrent longtemps ce vieillard caché dans un hospice de Haute-Provence qui avait revitalisé toute une région des Alpes Maritimes en plantant des glands de chêne. Ils ne le trouvèrent jamais... Pour cause! Le vieillard n'avait jamais existé, que dans l'imagination de Giono! Delhorno